Voici les
solutions alternatives à l’incinération de Dany Dietmann, professeur des sciences de la vie et de la terre, maire de la commune de Manspach et vice-président de la communauté de communes de la
Porte d’Alsace (Extraits de la conférence du 25 novembre 2011 à Beauvais).
A elle seule, la France a plus d’incinérateurs que tout le reste de
l’Europe.
La première des étapes est donc de ne pas choisir
la construction d’un nouvel incinérateur, sinon, nous serions obligés de le remplir et donc nous ne trierons pas.
La seconde étape est de passer d’une taxe sur les
ordures ménagères (tu tries ou tu ne tries pas, tu payes) gérée par les services de l’état, à une redevance sur les ordures ménagères à gestion communale avec une facturation incitative (plus tu
tries moins tu payes). Tous les produits résiduels triés sont revendus, ce qui permet encore de réduire la facture (aluminium, cartons, fer, plastiques, verres par exemple). La mise en place à
l’échelle nationale de ce concept de tri permettrait la création de 350.000 emplois soit 3500 emplois par département (très important à notre époque où la crise fait rage).
Mais pour que cette valorisation soit possible,
il faut avant tout extraire des poubelles tout ce qui est décomposable. Il faut isoler la part des produits fermentescibles, soit 30% du volume de la poubelle, en favorisant le compostage
individuel ou regroupé. Les apports de substances peuvent être volontaires ou organisés avec l’installation de plateformes de compostage. Une fois le composte préparé il peut être à nouveau
distribué ou vendu.
La ville de Fribourg et ses 450 000
habitants collectent ainsi 26 000 tonnes de fermentescibles par an. Chaque tonne produit 150kg de gaz, 310kg de compost et 500kg d’eau, ce qui permet à la ville de disposer de 17 000m3
de méthane quotidiennement.
La collecte des produits non
« triables », les produits résiduels ultimes, s’effectue dans des poubelles équipées d’une puce pour permettre la pesée de chaque bac. C’est la pesée embarquée. Celle-ci est facturée 76
centimes, chaque propriétaire gère alors le taux de remplissage de son bac avant de le présenter au système de ramassage. Chaque poubelle est donc pesée à la montée et à la descente pour
déterminer le poids à facturer, l’information étant transmise directement au service facturation de la commune. Pour l’habitat collectif, la mise en place de parcs à poubelles avec un peu
d’organisation permet de procéder de même. Autre avantage, l’arrêt du véhicule de ramassage est moins fréquent, chaque foyer sortant sa poubelle en moyenne qu’une fois sur 3. Encore une économie
et un gain de confort pour les usagers.
Une autre piste est la mise en place de
plateformes de déballage à la sortie des caisses des commerces qui permet de gérer tous les emballages excédentaires.
Toutes ces solutions sont déjà en place dans plus
de 200 communes en France, ce qui a permis à certaines de passer de 380kg de produits résiduels ultimes à 87kg en seulement 10 ans. La masse des encombrants a souvent diminué, jusqu’à parfois de
70%. La taxe de 93€ s’est transformée en redevance de 56€ par an et par habitant, soit une économie de 175€ par an pour un foyer de 5 personnes.
En résumé, ce n’est pas un incinérateur dont nous
avons besoin pour maitriser le flux de nos déchets mais d’une implication de la population, des bailleurs et des élus pour la mise en place de véritables solutions. C’est un enjeu humain et non
technique que je vous propose, car la pollution et la destruction n’est plus d’actualité. Il faut maintenant s’installer dans une économie plus locale, plus légère et remplacer le toujours plus
par le toujours mieux.
La communication, plus que l’incitation financière, est un élément
fondamental à la réussite de cette solution alternative. Depuis les lois du Grenelle 2 de l’environnement, les contrats d’approvisionnement des incinérateur prévoyant des pénalités en cas de
rupture entre les sociétés privées gestionnaires de cet outil et les collectivités locales sont interdits.
De plus les futures lois sur les machefers (tout
aussi scandaleux) devraient encore faire avancer le processus.
Les communautés de communes proches d’un incinérateur prennent souvent
du retard dans le système de tri puisque les unités de valorisation énergétiques doivent être alimentées à tout prix, même en favorisant le transport des déchets de départements limitrophes comme
c’est déjà le cas dans l’Oise avec à la clef une pollution supplémentaire provenant de la circulation des poids lourds.
Le problème des décharges sauvages peut être résolu au bout de plusieurs années si les habitants se sentent acteurs de cette démarche citoyenne.
(Source : Collectif isarien de réflexion
pour une gestion durable des déchets)
Il faut espérer que le nouveau Plan Départemental d’Elimination des
Déchets Ménagers et Assimilés du département de l’Oise (PDEDMA), privilégiera le tri des déchets ménagers, la mise en place de véritables filières industrielles de recyclage et favorisera
l’implantation de déchetteries de récupération.
Les produits du recyclage industriel présentent un intérêt économique en
tant que matière première ou source d’emplois, d’où la nécessité de stimuler l’utilisation de matières
premières de recyclages (MRP) plus économes, notamment quand les process de transformation sont
complexes.
Des Filières de Responsabilité Elargie du Producteur sont en place
puisque le recyclage via les REP porte déjà sur 15 millions de tonnes de matières en France, impliquant les industriels, les importateurs, les
distributeurs et les éco-organismes avec un partenariat avec les collectivités locales. Il ne faut pas
oublier l’économie sociale et solidaire avec pour exemple la récupération du mobilier.
Diminuer
tous les déchets est une solution pour limiter l’implantation d’incinérateurs, de centres d’enfouissement technique et éviter ainsi des projets iconoclastes comme celui du bois du roi ou inutiles
comme le projet de l’UVE de Villers-St-Sépulcre.
(Source : Association Crépy environnement et qualité de la vie)